Translate

vendredi 10 mai 2013

Pratique codée.

Le Budo possède ses propres codes sans lesquels il est difficile de l'appréhender dans son entière globalité. L'étudiant doit chercher à s'approprier un langage technique, un langage culturel et historique afin de pouvoir rentrer pleinement dans la dimension de sa pratique. Cela n'est pas le propre du Budo, il en est de même pour de nombreux domaines qu'ils soient sportifs, artistiques, religieux ou scientifiques.

La connaissance des termes désignant les principes, les techniques, les modes de pratique, les règles encadrant les compétitions, s'il y a lieu, est indispensable pour pratiquer un art martial. Mais cela n'est pas suffisant.



Dans les disciplines des arts martiaux, une revendication intrinsèque des pratiques est l'efficacité technique, qu'elle soit défensive ou offensive. Un art martial non efficace ne serait plus un art martial. Un art martial excluant des possibilités techniques parce que amenant une disqualification en compétition doit admettre qu'il n'est pas un art martial mais un sport de combat tout au plus, plus sport que combat, suivant un code de pratique spécifique à sa condition de sport.

Cependant même dans les arts martiaux, plus arts que sports, il est difficile d'admettre que les compétences développées, trop spécialisées ou trop codées, sont limitées dans leur application comme il est difficile pour l'Ego d'admettre que notre propre compétence est limitée.

Prenons l'exemple d'un joueur de Tennis : nul besoin pour lui de connaître la manipulation d'autres balles que celle utilisée dans son sport, nul besoin de pratiquer le golf, le ping-pong, le foot-ball, le base-ball... nul besoin de connaître non plus les règles des ces autres sports. La spécialisation dans le jeu du Tennis suffit. Aussi le champion de Tennis peut se revendiquer comme tel, mais pourrait-il se déclarer champion de l'art de la balle ou du ballon ?

Qu'en est-il dans les arts martiaux ?

Pour pratiquer les arts martiaux, il faut, en plus de la pratique indispensable, comprendre la codification, la nomenclature et l'ensemble des codes associés. Pour cela, il va falloir s'investir dans la pratique, s'en remettre à ses principes, adopter ses règles, y compris celles relevant de l'étiquette et du comportement. Pour se perfectionner, il faudra ensuite les appliquer et les repousser jusqu'à leurs dernières limites, jusqu'à ce que la pratique elle-même fasse corps avec tout notre être. L'expert jongle avec tous les codes de sa pratique comme le musicien confirmé improvise dans des gammes apprivoisées.

Mais tout comme un style de musique, l'art martial ne joue que dans une gamme appropriée. Une fois décodés, ces mêmes codes définissent et délimitent la pratique et l'enferment dés lors. C'est là tout le problème du pratiquant de Gendaï Budo (Budo dit modernes).

Pour parfaire sa technique et transcender son art en Budo, il est nécessaire que le pratiquant ouvre son champ d'expérimentation en dehors de sa propre pratique et s'enquiert d'autres codes. Il faudra qu'il expérimente ces codes nouveaux et les applique afin d'élargir son champs de conscience. L'apprentissage de nouveaux codes est difficile mais cela facilite la compréhension et la lecture d'autres codes.

Pour appréhender le Budo dans sa pleine dimension, le pratiquant doit procéder au décodage de sa propre pratique et la replacer dans une globalité enrichie. Il pourra alors continuer de progresser en élargissant ses répertoires technique, gestuel et comportemental. En allant au delà de sa propre sphère d'expérimentation, l'étudiant de Budo apprend à se décoder lui-même et se rapproche alors de sa propre essence.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire