Translate

lundi 18 janvier 2016

Cohérence et Corps errant

Les textes précédents ont dénoncé les dérives et posé la question du devenir de l'Aïkido. Le retour, tant à une cohérence au niveau technique, qu'à la conception d'une Voie martiale et de sa gestion administrative, semble une évidence. Beaucoup ne l'accepteront pas car cela demande une remise en question et la perte de (faux) privilèges comme le statut de gradé ou d'expert, ou bien celui de président ou d’administratif. Pourtant, il est plus que nécessaire de redonner à notre discipline la digne dimension d'un art martial.
Si ce changement trouvera indubitablement nombre de réfractaires, résistance au changement oblige, j'invite les sincères pratiquants à redimensionner leur pratique en complétant leur formation technique auprès de maîtres ou d'experts. Je les invite aussi à s'ouvrir à d'autres disciplines, même s'il est difficile de trouver le temps nécessaire et de pratiquer chaque fois que cela est possible.


Il ne s'agit pas de dire qu'il faut pratiquer plus à tout prix, mais plutôt de pratiquer mieux sans s'éparpiller, sans gaspiller et surtout sans se leurrer soi-même. Cela sous-entend d'optimiser sa pratique auprès de professeurs compétents et qualifiés dans les disciplines qu'ils enseignent, mais aussi avec ses Sempaï* (pratiquants gradés ou anciens) qui ne le sont que parce qu'ils en adoptent la bienveillante attitude, ainsi qu'avec ses Dohaï* (partenaires pratiquants), si ceux-ci recherchent aussi une pratique valorisante, source de progression.
Il ne s'agit pas d'exclure tous les autres ni de former un groupe restreint et de se réconforter entre-soi, mais d'éviter de gaspiller le temps si précieux que l'on peut accorder aux arts martiaux.

Dans le Zen, Shugyo est l'ascèse ; dans les arts martiaux, c'est l’entraînement intense. Shugyo s'apparente à la quête, l'épreuve que l'on se fait subir à soi-même, visant à dépasser ce que l'on perçoit comme ses limites à un moment donné. Dans l'art martial, c'est donc aussi le travail technique auquel on soumet notre corps. Sans pour autant le meurtrir, il nous faut le nourrir par une pratique, non pas trop intensive, mais suffisamment intense pour donner matière à une progression : perfectionnement du geste, adaptation selon l'âge ou la morphologie, recherche d'optimisation de l'effort pour améliorer un résultat... La pratique doit amener l'adepte à rechercher, dans et par l'effort, un perfectionnement constant.

Ne tombez pas dans la routine de l’entraînement, laissez-vous porter par la pratique et, en toute cohérence, ne laissez pas votre corps en errance sur le Tatami.


* les termes japonais ne se déclinent par en nombre, je les écrits au singulier.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire