Translate

jeudi 29 septembre 2016

Une Voie sans Ki ?

Jeune Shodan, j'avais participé à un stage d'Aïkido animé par deux haut gradés. Avec plusieurs de mes Doaï (compagnons d'étude), nous mettions tout notre cœur à reproduire avec vigueur et enthousiasme les gestes techniques proposés, ce qui nous procurait un sentiment de réussite. Les deux experts nous observaient avec attention lorsque l'un deux commenta : « Ils sont tous décentrés ! ». Je ne me souviens pas exactement des termes employés par le second expert, mais il approuvait largement le commentaire de son confrère.

Si cet épisode m'offrit une grande motivation pour définir avec plus de précision la notion de centre et de centrage, je compris aussi qu'en tout état de cause ils observaient non pas ce que nous faisions mais comment nous mettions en œuvre la réalisation d'un geste technique dans notre pratique de l'Aïkido.


Plus de vingt ans après, je sais aujourd'hui que ma lecture des mouvements et des corps a fortement évolué avec ma pratique. Je constate souvent que les techniques sont encore appliquées avec trop de force, parfois sans la mise en oeuvre de principes techniques pourtant énoncés par ceux-là même qui en manifestent l'absence dans leurs démonstrations.
A priori, exécuter un mouvement « en laissant couler le Ki » (cf.extrait de «Aïkido méthode nationale» de feu Nobuyoshi Tamura Senseï) n'est pas au programme de toutes les études, voire tout simplement oublié.

Pourtant, au vu des grades affichés (donc délivrés par notre CSGDE nationale puisque tout autre grade non délivré par cette commission n'est pas officiel en France), il semble possible de pratiquer jusqu'à un « très haut niveau » sans se soucier du Ki de l'Aïkido.

Ainsi l'Aïkido peut être une voie sans Ki.

Il reste donc « Aï...Do ». Mais on pourrait aussi chercher la cohérence du " Aï " lorsque la mise en application des techniques fait fi des principes, notamment celui d'Aïki qui en théorie nous accorde à notre partenaire et garantit le respect de l'intégrité physique de celui qui nous prête son corps pour réaliser une technique.
Sans Ki, sans Aïki, il ne reste même plus Do, mais comme le dit le dicton : « Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ». Il reste donc à espérer que les aveugles seront nombreux pour satisfaire l'Ego des borgnes.

Pour tous ceux qui ouvrent les yeux avec un regard critique, la recherche de l'Aïki dans la pratique continue avec conviction. Aïki est une porte vers la compréhension du Ki qui n'est ni mystique, ni mystérieux (cf. Le ki... Énergie ou auréole de mysticisme).

" L'Aïkido nous permet de "toucher du doigt" le Ki, de le reconnaître (dans le sens de renaître avec) et de le partager. Il faut des années de pratique pour que le corps digère ce que l'intellect croit comprendre. La simple pratique "sportive" ne le permet pas et il faut aller chercher une résonance en Soi et en l'autre, ce qui est possible si l'Esprit accompagne la pratique. " (extrait de Kokyu et Ki.)


La voie quant à elle n'est ni facile ni difficile, elle réclame assiduité et courage pour progresser encore et encore.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire